Les enjeux d’une agriculture solidaire pour la survie de la filière.

Depuis toujours l’Homme doit vivre en groupe, s’entraider pour survivre et résister au moment difficile. La profession d’agriculteur ne fait pas exception, bien au contraire. La dureté du travail, les taxes, le manque de reconnaissance, les aléas climatiques, les problèmes économiques et écologiques font partie des difficultés constamment rencontrées par les agriculteurs. Il faut également rappeler que chez les agriculteurs le taux de suicide est 20 à 30 % supérieur aux autres professions ; un agriculteur se suicide tous les deux jours. Cela nous montre l’importance d’une agriculture solidaire pour pouvoir survivre. Heureusement, il reste des solutions qui peuvent être mises en place.

Dans cet article, nous allons montrer que la solidarité est toujours présente dans le monde agricole actuel ainsi que son importance au niveau économique et environnementale.

Tout d’abord, nous aborderons les enjeux économiques d’une agriculture solidaire et ensuite, nous verrons les enjeux environnementaux.

 

Les enjeux économiques d’une agriculture solidaire

La solidarité entre agriculteurs : une solution pour la survie de la filière

Dans le monde agricole on distingue deux types de solidarité : la solidarité volontaire et la solidarité forcée.

Tout d’abord, la solidarité volontaire est mise en place volontairement par les agriculteurs et se divise en deux catégories :

  • pour un besoin privé comme une assurance maladie
  • pour un besoin professionnel comme lors de catastrophe naturelle ou encore une perte de cheptel

La solidarité volontaire repose sur le principe de la surveillance mutuelle. Effectivement, un groupe d’individus est plus fort et moins vulnérables.

Ensuite, la solidarité forcée est mise en place par l’Etat et est représentée par divers organismes, pouvant atteindre la liberté des agriculteurs :

  • la MSA ( Mutualité Sociale Agricole ) : c’est un régime de protection sociale obligatoire aux personnes travaillant dans le monde agricole. Elle impose par exemple une réglementation stricte sur l’entraide

 

  • la SAFER ( Sociétés d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural) : c’est un organisme qui contrôle l’accès au foncier. Elle influe également sur l’installation des jeunes et favorise l’agrandissement du foncier.

De plus en plus, nous observons une diminution de l’interdépendance entre voisins, que ce soit au niveau des services, de l’aide ou encore par rapport à l’échange de connaissance et de savoir. L’interdépendance est remplacée par des organismes payants comme la Chambre d’Agriculture (coût mensuel de 700 millions d’euros en 2016).

Néanmoins, il reste des alternatives à cette diminution de l’interdépendance avec le développement des GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun) qui permettent aux agriculteurs de se regrouper pour travailler ensemble. Il y a également, les coopératives comme les CUMA (Coopérative d’Utilisation de Matériels Agricoles) qui permettent de mettre en commun le matériel et donc limiter les frais d’exploitations.

 

Les coopératives aux cœurs d’une agriculture solidaire

La solidarité dans le monde agricole est représentée par des coopératives agricoles.

Une coopérative agricole se définie comme une entreprise créée et gérée par des agriculteurs, regroupant tous les maillons de la chaîne de production, c’est-à-dire de l’exploitant qui produit la matière première jusqu’au produit fini, en passant par la transformation.

La gestion totale de la filière par les agriculteurs permet de mieux contrôler le prix surtout en cas d’année difficile comme lors de catastrophe naturelle. Cela permet également de convenir d’un prix d’équilibre, le plus juste possible, entre les agriculteurs et les consommateurs.

Les coopératives favorisent les circuits courts, ce qui permet de répondre à la forte demande de produits locaux et notamment par les locavores. Effectivement, les produits locaux créent de la valeur ajoutée au territoire ainsi que de l’emploi. Ces coopératives contribuent donc au relancement de l’économie du territoire.

La solidarité au sein des coopératives possède d’autres atouts :

  • la mutualisation des charges et de l’investissement ce qui contribue à la durabilité de l’entreprise
  • le partage du risque comme les aléas climatiques ou encore par rapport à la concurrence avec les industriels (français ou étrangers) habituellement moins chers
  • un renforcement du pouvoir économique dû au regroupement des agriculteurs, ce qui leurs permet d’avoir un pouvoir économique plus forts pour négocier les prix.

Ces différents atouts mettent en évidence un principe fondateur des coopératives qui est : « l’union fait la force ».

Il existe plusieurs types de coopératives comme :

  • la CUMA (Coopérative d’Utilisation de Matériels Agricoles) : c’est un moyen de permettre aux agriculteurs de pouvoir louer du matériel agricole de qualité sans devoir l’acheter. Effectivement, certains agriculteurs n’ont pas les revenus pour investir dans du matériel agricole ou en cas de panne soudaine pour limiter le retard dans les travaux.

Auteur Heinrich Guillaume
10/08/17

  • les labels : pour contrer la diminution des prix de vente imposés par les industriels, les agriculteurs ont créé des labels comme les AOP (Appellation d’Origine Protégée) et les AOC (Appellation d’Origine Contrôlée). Ces labels visent à protéger le savoir-faire transmit de génération en génération ainsi qu’une typicité et une aire géographique spécifique. Les labels ont également permis de catégoriser certains produits comme des produits « haut de gamme » afin de le mieux valoriser : c’est le cas pour le comté. Cela a eu pour but de générer un chiffre d’affaire de 20 milliards d’euros en 2016 pour les labels AOC et AOP. Par ailleurs, les labels sont confrontés au rachat des grands groupes comme le groupe Lactalis qui veut s’approprier des fruitières.

 

auteur Léa Alips le 02/02/2018

Les réglementations sur le travail dans les entreprises agricoles

Il existe plusieurs types d’entraides dans le monde agricole mais cette entraide est soumise à une réglementation stricte et se définie en plusieurs catégories :

  • le « coup de mains » occasionnel : il est caractérisé par une entraide entre voisins, amis, cousins, … Il doit être de courte durée, spontané et non rémunéré. Par exemple, l’éleveur peut demander de l’aide pour rentrer ses vaches qui se sont sauvés du parc.

 

  • l’entraide familiale : elle ne peut exister qu’entre parents de premier degré (frère, sœur, conjoint, …) et doit être spontanée, occasionnelles et sans rémunération. Cette entraide ne doit pas être indispensable au bon fonctionnement de l’exploitation.

 

  • le salariat entre membre de la famille : il s’agit d’une aide régulière d’un parent comme pour les travaux d’ensilage l’été. Lorsque le travail se caractérise par un rapport de subordination et une charge de travail élevée, le salariat doit être rémunéré.

 

  • l’entraide entre agriculteurs : il s’agit d’une forme simple et traditionnelle de coopération entre agriculteurs en activité. Dans le code rural, elle se définie par un échange de services, de travaux agricoles et de moyens d’exploitation (matériels). Elle peut être occasionnelle, temporelle ou régulière. L’entraide se fait entre exploitant ou membre de sa famille participant aux travaux de l’exploitation. Elle implique une gratuité du service (sauf un remboursement) et une réciprocité des services rendus.

 

  • dans le cas d’un retrait agricole, la transmission se fait dans un cadre familiale ou non. Dans le cadre familiale, le retraité fait bénéficier à son successeur, son expérience tout en gardant sa retraite et donc en restant sur l’exploitation 10 à 15 heures maximum par semaines. Quand la transmission a lieu hors du cadre familiale, le retraité doit conserver une parcelle de subsistance et un lopin de terre. Quant à la transmission des savoir-faire, ils se font selon la volonté du retraité et s’inscrivent dans le cadre de l’entraide réciproque.

 

L’avenir de l’agriculture

Au fil du temps, l’agriculture se développent et reposent sur les générations nouvelles (les jeunes agriculteurs). Effectivement, de nos jours, les outils agricoles sont de plus en plus développés et nécessitent des connaissances nouvelles : c’est l’agriculture 3.0 (ou autrement dit connectée). Nous pouvons retrouver des outils comme les GPS ou les drones pour contrôler plus spécifiquement ses parcelles afin de mieux gérer ses cultures et ainsi produire un gain économique pour l’agriculteur mais aussi écologique pour la planète.

Cette agriculture 3.0 permet d’échanger rapidement et simplement sur différentes applications ou sites internet comme :

  • pour le partage ou la location de matériels : We farm up ou hellotractor
  • pour l’achat vente de fourrage : la belle ronde
  • pour l’échange de parcelle : échange de parcelle
  • pour la mutualisation des savoirs : farmleap
  • pour simplement consulter la météo : pleinchamps

Actuellement, il existe des associations comme les Jeunes Agriculteurs (JA)  qui ont pour but de se concerter afin de préparer les générations futures. Ces associations permettent de signer des conventions visant à favoriser les exploitations à taille humaine, familiale et économiquement viable. Par exemple, les Jeunes Agriculteurs (JA) et la Fédération Nationale de Coopératives d’Utilisation de Matériels Agricoles (FNCUMA) ont signé une convention. L’objectif de cette convention est de former et éduquer les jeunes ainsi que de leur transmettre une approche collective dans le but de pouvoir répondre aux défis futurs, comme par exemple : comment nourrir 10 milliards de personnes d’ici 2050 ?

auteur Léa Alips
le 05/03/17

Les enjeux environnementaux d’une agriculture solidaire :

Actuellement, il y a un réchauffement de la planète, lié à l’augmentation de gaz à effet de serre. Le réchauffement climatique amène beaucoup de catastrophes naturelles, il y a donc une perturbation des cycles naturelles de la planète. Cela a une influence directe sur les exploitations agricoles qui risquent de rencontrer ou rencontrent déjà des difficultés financières avec des étés de plus en plus sec sur la France.

Les coopératives une solutions d’avenir.

Les coopératives sont apparues en France avec les fruitières du Jura. Ces Fruitières sont des coopératives laitières qui sont basées sur une entente des éleveurs, du fromager et de l’affineur, cela permet de fixer les prix de vente des produits avec une bonne répartition des revenus pour chaque membre de la filière. Avec le réchauffement climatique les éleveurs ont beaucoup de mal à produire assez de fourrage pour nourrir les bêtes, cela les pousse à devoir acheter des aliments chers car l’impact du réchauffement climatique est mondial. Certaines exploitations sont donc en difficulté et les prochaines années risquent d’être encore plus dures pour les éleveurs. Les Fruitières du Jura sont donc une assurance pour l’agriculteur à valoriser sa production et pouvoir vivre de son métier. La coopérative est donc une forme de solidarité car c’est une association de plusieurs agriculteurs qui cherchent à valoriser leurs productions en commun afin d’obtenir une bonne rémunération malgré des enjeux économiques et environnementaux difficiles.

Auteur Léa Alips
10/08/18

Solidarité entre agriculteurs à cause du réchauffement climatique :

La sécheresse de cette été 2018 à posé un gros problème aux les agriculteurs du Doubs, 80 % d’entre eux sont en difficulté avec un stock de fourrage trop faible pour nourrir les bêtes durant l’hiver. Suite à une rencontre entre les présidents de la FDSEA (Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitations Agricoles : c’est une fédération visant à étudier et défendre les intérêts des agriculteurs) du Doubs et du Bas-Rhin les céréaliers alsaciens ont donc pu donner 1000 tonnes de cannes de maïs aux agriculteurs en difficultés. La canne de maïs est habituellement laissée volontairement sur le champs pour fertiliser ce dernier, cette cannes de maïs à donc été pressée et donnée aux agriculteurs en difficultés pour remplacer la paille des litières. Cette paille économisée peut être mélangée avec du foin et de l’enrubanné pour nourrir les vaches. Cet élan de solidarité est très important pour la survie des exploitations laitières Françaises, cela sert d’exemple pour tout le monde car des actions comme celle ci seront de plus en plus fréquentes et importantes avec un climat qui se dégrade d’année en année.

Auteur: Léa Alips
03/09/18

Un label pour valoriser les produits :

Les labels AOP et AOC par exemple, permettent de valoriser les produits en fonction de sa zone géographique de production ainsi que bien de leur savoir faire. L’AOP (appellation d’origine protégé) est reconnue par l’union européen ce qui permet de faire venir des clients de pays étranger en France ; L’AOC ( appellation d’origine contrôlé) contrairement à l’AOP est reconnu uniquement en France mais reste un produit réalisé avec un savoir faire, une zone géographique spécifique, c’est aussi un produit qui possède une histoire . Les Produits protégés par ces labels respectent un cahier des charges très stricte, cette réglementation et ce gage de qualité valorisent donc le produit et permet de
rentabiliser la production des agriculteurs transformant directement leurs productions. Ce gage de qualité intéresse de plus en plus les client. Les clients qui achètent directement ces produits à la ferme garantissent une meilleure rémunération aux producteurs. Comme étudié dans les parties précédentes les agriculteurs ont et auront de plus en plus de mal à produire avec ce réchauffement planétaire, c’est donc pour eux une garantie de continuer à vivre de leurs travail et de leur passion.

Auteur: Léa Alips
22/09/18

La Cuma une solutions pour l’avenir :

Avec la nouvelle réforme de la PAC les agriculteurs sont obligé de produire plus sans forcément mieux valorisés leurs produits ce qui les conduit à être en difficulté financièrement. Pour augmenter la production il faut le matériel adéquate qui coûte très chère, c’est la que la Cuma intervient. La Cuma est une coopérative qui permet l’achat et le partage de matériels entre plusieurs exploitations agricoles. C’est donc une forme de solidarité qui va permettre à l’agriculteur de diminuer ces charges. De plus les Cuma se développent également dans des énergies tel que le biogaz. Cette installation va permettre de récupérer le méthane et le dioxyde de carbone produit par la fermentation du fumier et ou du lisier des vaches pour fabriquer de l’ énergie. C’est une installation qui coûte très chère,la Cuma va donc permettre à plusieurs paysans de se regrouper de façon à minimiser les coûts d’une telle installation. La Cuma est donc une forme directe de solidarité car on achète du matériel à plusieurs pour baisser les coûts de production et donc avoir les ressources financières nécessaires pour faire face aux aléas du réchauffement climatique. L’avenir des Cuma est donc assuré, elles seront même un atout majeur pour que les agriculteurs puissent vivre de leur métier.

Pour conclure, en quoi la solidarité est-elle nécessaire dans le monde agricole français ? La solidarité dans le monde agricole français est indispensable aujourd’hui car elle intervient sur deux plans majeurs, le premier est le plan économique qui consiste à aider les agriculteurs économiquement, c’est à dire avec des aides, des associations qui font valoir les droits des agriculteurs en justice et bien sur les coopératives et Cuma qui permettent de diminuer les coûts de productions pour augmenter le profit ce qui permet à l’agriculteur de vivre de sa passion. Le deuxième plan est les enjeux environnementaux des agriculteurs, ces enjeux sont majoritairement crés par le réchauffement climatique qui ne permet plus aux agriculteurs de produire eux même l’alimentation des bêtes, ils sont donc obligés d’acheter des aliments qui coûtent chers en plus de l’achat de matériels. Pour surmonter ces coûts les agriculteurs peuvent compter sur la solidarité entre exploitant très présente en ce moment avec une multiplication d’action solidaire entre eux, mais aussi des créations de labels, coopératives et de cuma qui permettent à ces derniers de continuer leurs métiers. Cette solidarité au saint du monde agricole pourrait amener une réponse à la question suivante : Comment nourrir milliards de personnes d’ici 2050 ?

Bibliographie:

-Antoine Antoni . Petite histoire des coopératives [En ligne]. Académie de grenoble. 19/01/2003 [Consulté le 11/12/18]. Disponible sur: http://www.ac-grenoble.fr/occe26/activite/ec_sociale/Pourensavoirplussurlemouvementcooperatif.PDF

-Jonathan Dubrelle, Agriculture : face à la solidarité forcée, le retour de la solidarité volontaire [en ligne]. Contrepoint, mise en ligne le 1 mars 2018,[ date de consultation 07/01/19]. disponible sur: https://www.contrepoints.org/2018/03/01/310783-agriculture-face-a-solidarite-forcee-retour-de-solidarite-volontaire

–  Pascal Bordeau, La Fncuma et Jeunes Agriculteurs ont signé une convention cadre pour travailler ensemble à l’installation à travers le collectif [en ligne]. Entraid, 13/09/18. Disponible sur: https://www.entraid.com/articles/la-fncuma-sengage-aupres-des-jeunes-agriculteurs

– Grémont Nicolas. Les coopératives un modèle particulier d’entreprise[en ligne]. Coop de france. Disponible sur: https://www.lacooperationagricole.coop/fr/un-modele-particulier-dentreprise

-Marie GUITTARD, AOP-AOC [en ligne]. INAO, après 2014. Disponible sur: https://www.inao.gouv.fr/Les-signes-officiels-de-la-qualite-et-de-l-origine-SIQO/Appellation-d-origine-protegee-Appellation-d-origine-controlee.

-Laurence Kantzer. L’association solidarité paysans [en ligne]. Solidarité paysans. Disponible sur: http://www.solidaritepaysans.org/l-association-nationale-solidarite-paysans_1091.php

-Françoise MARISSAL. Sécheresse: solidarité agricole alsacienne. L’alsace , Mardi 23 octobre 2018, pp.38.

-Anne Pichot de la Marandais, L’entraide agricole [en ligne].Le Bimsa, le 17 décembre 2014. Disponible sur: http://www.lebimsa.fr/lentraide-agricole/

– superadminopl, Les cuma demain [en ligne]. Cuma.fr, 17/07/13. Disponible sur: http://www.cuma.fr/content/les-cuma-demain

-Pas renseigné.L’entraide agricole [en ligne].Caisse centrale de la MSA, Directeur de la publication : François-Emmanuel Blanc – Directeur Général de la Caisse centrale de la MSA. Mis à jour le 24/05/18. Disponible sur: https://www.msa.fr/lfy/affiliation/entraide-agricole

Alips Léa, Heinrich Guillaume.

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