Allons-nous vers une urbanisation totale avec l’abandon des campagnes ?

Durant près de deux siècles, la France, comme beaucoup de pays européens, a connu un exode rural important. Ce phénomène s’est surtout accentué vers les années 50. De ce fait les villes s’agrandissaient entrainant donc une forte urbanisation. D’un point de vue économique et social cela avait certains avantages ; cependant cette forte urbanisation entraine des conséquences néfastes notamment sur les zones rurales alentour. De ce fait, allons-nous vers une urbanisation totale avec l’abandon des campagnes ? Nous verrons les raisons qui ont poussé les ruraux à aller vers la ville, puis nous verrons les conséquences de l’urbanisation et pour finir nous constaterons que ces dernières années le mouvement inverse se produit.

Les mouvements de la population rurale vers les villes

Plusieurs causes expliquent ces migrations des campagnes vers les villes. Vers les années 1950, les pays connaissent une forte croissance démographique qui se traduit par une baisse de la mortalité et une augmentation de la natalité. Dans le même temps, l’industrie et le secteur tertiaire se sont développés. La ville représentait donc une belle opportunité en matière d’emploi. Cela fait partie des raisons pour lesquelles les populations rurales ont décidé de migrer vers les villes. L’Etat a également encouragé cet exode afin de pouvoir accélérer la modernisation des villes.

 

Ainsi, les campagnes se vident jusqu’en 1960. Par la suite, les villes se développent sur leur pourtour empiétant sur les zones rurales. C’est le phénomène de périurbanisation. D’après  l’Insee, actuellement, 75 % de la population française habite en zones urbaines. Celle-ci est majoritairement concentrée dans les banlieues.

Suburbanisation depuis 1975

 

Un humain sur deux habite désormais en ville. Si certains redoutent l’entassement des pauvres et l’augmentation des pollutions, d’autres soulignent que la vie urbaine peut être source de qualité de vie et de préservation de l’environnement.

 

Lors de ce développement, les secteurs secondaires et tertiaires des villes ont des besoins de main-d’œuvre, alors que les activités rurales sont  en surnombre avec l’évolution des techniques agricoles. Même si le niveau de vie est faible, les perspectives d’emploi sont meilleures en ville.

 

Bien que la ville offre des avantages non négligeables en terme socio-économique, son développement et son extension posent problème à d’autres.

 

Les changements dus à l’urbanisation

Comme dit précédemment, les villes se développent et s’étalent. On en vient donc au principal problème que provoque l’urbanisation : l’engloutissement des terres. Selon  Science et Vie, chaque année en Europe, l’urbanisation empiète 1 000 km² de terre agricole. En conséquence les surfaces consacrées à l’alimentation diminuent et avec elles on estime une perte de 4 millions de tonnes de blé. L’environnement subit également l’influence néfaste de l’urbanisation. La biodiversité s’en retrouve perturbée car les constructions (d’une route par exemple) gênent la reproduction des espèces. De plus les sols se dégradent car l’imperméabilité des sols du fait de la construction empêche l’eau de pénétrer et augmente le ruissellement ainsi que le risque d’inondation.

 

Caricature

 

La France est un pays très agricole, cependant la ville grignote petit à petit toujours plus de terrain. Les terres deviennent donc un enjeu majeur aujourd’hui. Elles ne servent plus seulement pour l’agriculture mais pour d’autres secteurs qui entrent en concurrence pour elles afin de pouvoir se développer. Il s’agit surtout d’usines, des infrastructures, des espaces commerciaux et culturels et les habitations. Autrement dit : les terres sont tout aussi indispensables pour les villes que pour l’agriculture.

 

Autre problème causé par l’urbanisation, les terres sont de plus en plus rares et donc de plus en plus chères. Mais pas seulement. Le cout des terres s’explique aussi par le fait que les surfaces constructibles et résidentielles sont plus chères que les terres agricoles.

 

La ville bien qu’attractive au niveau économique et social a tout de même ses limites qui poussent certain à la quitter. Ainsi donc se développe un phénomène tout aussi important que l’exode rural : l’exode urbain.

 

 Vers un exode urbain?

D’après l’interview de Jean Yves Pineau, c’est vers les années 1960 que la population commence à quitter les villes pour aller vers la campagne. C’est vers cette période que commencent à apparaitre des idées écologiques. Et c’est cette raison qui incite les gens à habiter à la campagne. En effet le cadre visuel que celle-ci offre véhicule des idées de mode de vie plus saint et moins dangereux pour la nature. Vers 1990, les raisons changent. La ville apporte trop d’inconvénient : stress, pollution bruit,…. Les gens sont donc à la recherche d’un mode de vie plus calme et moins stressant. Cette raison concerne en premier les ménages avec enfant. Cela a pour avantage de rajeunir les campagnes et également accélérer la transmission des technologies et ainsi donc de les moderniser. Car ces populations qui arrivent et que l’on appelle les « néoruraux » gardent leurs habitudes de citadins. L’exode urbain a eu des effets très positifs sur les campagnes. Cela a permis de relancer la démographie ainsi que l’économie. Ce dernier s’est fait notamment par le tourisme et la consommation de produit locaux.

 

Cette migration n’est pas seulement réservée aux classes moyennes et supérieures qui recherchent un mode de vie plus calme. Pierre Merlin, urbaniste et démographe, précise que le cout de la vie en ville est de plus en plus cher. En conséquence, le départ des villes vers les campagnes est contraint pour les ménages plus pauvres. Il est possible de trouver des logements moins chers, cependant les biens faits de l’exode urbain ont tout de même leur limites. Même si on peut trouver un loyer abordable, il arrive que les habitations ne soient pas idéales pour y vivre. En effet, les hivers sont rudes  la campagne. De plus, celle-ci ne propose peu d’emploi et pas suffisamment diversifié. L’emploi reste donc en ville et le trajet domicile-travail se rallonge ce qui se traduit par un cout qui annule l’économie qui aurait pu être faite sur le logement. Les personnes concernées se retrouvent dans des situations précaires, contraint de vivre sur l’aide social, et alternant entre chômage et emploi peu rémunérée.

 

Malgré l’exode rural qu’ont subi les campagnes au profit du développement de villes,  ce dernier siècle, elles connaissent un renouveau grâce à l‘exode urbain de ces dernières décennies. Mais les zones urbaines et rurales ont chacune leur avantage et leur inconvénient. Les villes offrent beaucoup emploi due à son fort développement. Mais l’extension des villes dévore toujours plus de surfaces au sol ce qui met en danger l’agriculture et l’environnement. La campagne par ces aspects écologiques offre un mode de vie plus calme. Cependant, l’emploi manque et ce mode de vie est plutôt accessible aux privilégiés et d’autre vivent à la campagne par contrainte. Cependant malgré toutes les difficultés, l’urbanisation bien que toujours présente se stagne, car l’exode urbain est tout aussi important si ce n’est plus, que l’exode rural.

Denjean Camille – Grappin Perrine

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