L’innovation dans le domaine médical peut-elle se voir limitée par l’éthique dans les pays développés ?

Innovations médicales, notre éthique peut-elle tout accepter ?

Au fil du temps, les pratiques médicales ont évolué en fonction de la progression des savoirs, des découvertes, mais également en fonction du regard que les sociétés ont porté sur la maladie, la mort, le rapport au corps… C’est pourquoi aujourd’hui, les questions éthiques émergent fortement sous l’effet des nombreuses innovations médicales et scientifiques, en particuliers dans les pays développés. Nous remarquons que ces progrès engendrent de multiples bouleversements au sein du domaine de la santé et ainsi donc des changements de nos modes de vie et de la façon dont on se soigne.

I- Des évolutions médicales toujours plus innovantes

En effet, qu’elles excluent ou rapprochent les patients des soins, les nouvelles technologies pour la santé constituent un domaine foisonnant d’innovations.
Selon Raphael Homat, dans son article : Le corps aux limites de l’acceptable : éthique médicale et éthique sportive, les évolutions scientifiques contribuent à leur développement. Elles leurs permet de repousser des limites qui nous paraissaient infranchissables il y a peu de temps.
Les innovations médicales permettent de grands exploits, on peut faire ici référence aux pratiques de Procréation Médicalement Assistée (PMA) toujours plus performantes.
On peut également exposer le fait qu’une partie de la population des pays développés se disent « rassurés » par ces nouvelles pratiques (exemples : la présence de robotique au sein des blocs opératoires, la télémédecine, implants biologiques autonomes, l’immunothérapie qui permet la modification génétique des cellules et permet ainsi d’offrir un espoir pour de nombreux patients souffrants de cancers, l’impression de tissus et de médicaments en 3D, l’apparition du miroir intelligent inventé par un consortium de laboratoires européens…).

 

II- Des innovations qui sont également source de nouveaux problèmes

Tout d’abord, avec ces nouvelles avancées technologiques médicales, l’émergence de nouvelles et redoutables questions d’éthiques s’accentue. Selon Roger Poal Droit « l’avancement des techniques médicales crée à notre époque des situations totalement inconnues des générations précédentes » et il est bien réel que nous sommes confronter sans cesse à de nouvelles remises en question face aux limites de l’acceptable.
Effectivement les avancées technologiques au sein du domaine médical amènent aujourd’hui d’innombrables questions tel que dans l’égalité dans l’accès aux soins, la place de la robotique, les limites de la science dans l’intervention sur l’être humain et finalement notre conception de celui-ci. Sans oublier la place qu’occupera le médecin dans les générations futures ainsi que les problèmes des nouveaux rapports entre patients et médecins.                                                                                                                                                   En effet, les nouvelles technologies de l’information modifient les relations entre ces deux derniers, en premier lieu au travers de la télémédecine. Avec l’apparition  de la télécommunication, on remarque qu’une distance psychologique est introduite en plus de l’éloignement physique qui instaure des relations de confiance beaucoup moins stables et saines.

De plus, ces progrès techniques concernent aussi directement médecins et personnel médical, qui pourraient voir leur rôle et leur formation profondément modifiées dans les années à venir (Selon Vinod Khosla, cofondateur de Sun Microsystems, « dans trente ans, on n’aura plus besoin du médecin pour les diagnostics »). Ainsi on attribuera de nouvelles tâches au médecin telles que : la compassion, l’empathie.

C’est pourquoi ces innovations ne sont pas source uniquement d’avantages, elles remettent également en cause des questions et principes fondamentaux.
Les lois d’éthiques régissent depuis toujours l’innovation et la science médicale dans le but de limiter au maximum et d’empêcher les dérives telles que la transmission de gènes etc.
Rappelons que l’utilisation de la science à une fin eugénique ne devrait jamais être un fait et pour cela il est impératif de préserver les textes et lois d’éthiques telles que le Code de Nuremberg rédigé en 1946, la déclaration d’Helsinki de 1964, faite par l’Association Mondiale Médicale (AMM), la déclaration de Manille de 1981 rédigé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le Conseil des Organisations Internationales des Sciences (CIOMS)…
Enfin dans certains cas les Hommes servent de « cobaye » pour faire progresser les sciences et cela  peut paraitre inadmissible pour un grand nombre de personnes.
Les progrès de la médecine avancent à une allure à laquelle l’Homme ne peut s’y adapter :
la barrière du prix, des coûts de plus en plus élevés des traitements et soins, les nouveaux rapport entre patient et médecin… Ces exemples engendrent de lourdes questions de l’exclusion de certains patients aux soins pour des causes financière et sociales.

Pour terminer, il est de notre devoir de nous demander si l’on doit toujours tenir compte des questions traditionnelles telles que les relations patient-médecin, la fin de vie, les PMA
… ou au contraire si l’on devrait dans le futur, laisser ces questions morales de coté et offrir tous les droits aux évolutions médicales ?

            1) Un exemple concret, celui de la PMA
En cas de résultat positif à un test prénatal, effectué dans le but de dépister d’effectuer d’éventuelles pathologies du fœtus, la question d’Interruption Volontaire de Grossesse se pose systématiquement. En revanche, l’élimination, décidée individuellement, ne participe-t-elle finalement pas à un projet social d’éradication des personnes portant un handicap, une anomalie ?
Il est, une fois de plus, question d’éthique concernant l’évolution des mentalités qui à été causé par une innovation médicale.

III- Des innovations qui seront toujours régies par des lois

Après étude, on se rend bien compte que l’Homme, sans règles ni lois, serait prêt à tout pour tirer un profit de l’Homme en général et pousser au maximum l’évolution de la médecine.                                                                                                                                                    On peut citer ici les essais de clonage en Chine, ou encore les multiples atrocités qui ont été faites sur les victimes de la Seconde Guerre Mondiale. C’est pour ces multiples raisons qu’il est nécessaire de poser des règles d’éthique (et de bioéthique) strictes si l’on veut à tout prix éviter les risques de dérives eugénistes (par exemple :  laisser voir le jour à un humain génétiquement modifié), et ainsi garantir la diversité des Hommes.

 

De nos jours, les avis des sociologues et des scientifiques divergent grandement quant aux questions sur les limites de l’acceptables. Tandis que certains pensent qu’il serait bien de déréguler au maximum le marché des innovations médicales à travers le monde, d’autres se méfient et s’inquiètent fortement de voir émerger la médecine exponentielle. Ici on pourra faire référence à Jean Daniel Rainhorn dans son article : La déshumanisation atteint aussi la médecine, qui affirme : « le fait que ces pratiques médicales se développent en dépit du serment d’Hippocrate me pose un problème en tant que médecin ». En tant que médecin il souhaite critiquer le fait que la médecine aujourd’hui ne traite plus l’Homme comme un humain mais comme un objet dont on peut en tirer profit.
Compte tenu de certaines lois, normes sociales ou encore croyances religieuses, tout ne sera jamais accepté.                                                                                                                                  Rappelons-nous également que de nombreuses règles ont été posées suite à des désastres inhumains comme par exemple les lois de Nuremberg de Septembre 1935. C’est pour cela qu’aujourd’hui ces lois d’éthiques sont déterminantes concernant le devenir de l’Homme.

Enfin, la reconnaissance en devenir des questions éthiques (de leurs différentes composantes, situations limites…) par les acteurs, allant de la recherche jusqu’aux soignants, en passant par les associations de patients, les acteurs de l’industrie médicale et des services, est un préalable à leur intégration nécessaire pour envisager une symbiose entre vecteurs d’innovations, aspirations et progrès en santé sans empiéter sur la morale de l’Homme.
C’est ainsi que l’on peut être amené à se demander comment convaincre ou contraindre les médecins du futur impliqués dans le domaine médicale à respecter les règles d’éthique ?

 

Camille Lacroix et  Margot Mercier.

 

Bibliographie :

Homat,Raphaël. Le corps aux limites de l’acceptable : éthique médicale et éthique sportive.                                                                                                                                  Disponible sur : https://journals.openedition.org/ethiquepublique/1935

Lesnes, Corine. Le high-tech, c’est la santé. M : le magazine du Monde (21725 suppl.) [Périodique]. 22-11-2014. 40-42.                                                                             Disponible sur : https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2014/11/20/sante-la-revolution-technologique_4526425_4497186.html

Le Touze, Angélique. Miroir, miroir, suis-je en bonne santé ?. Science & vie (N°1182) [Périodique]. 01-03-2016. p.92-95.                                                                             Disponible sur : https://www.science-et-vie.com/corps-et-sante/miroir-miroir-suis-je-en-bonne-sante-21928

Rainhorn, Jean-Daniel / Mary, Catherine. « La déshumanisation atteint aussi la  médecine ». Le Monde (N°21925) [Périodique]. 15-07-2015. p.7 du Cahier Science.
Disponible sur : https://journals.openedition.org/ethiquepublique/1935

Ray,Marie-Céline. Les nouvelles technologies au service de la santé. Questions internationales (091-092) [Périodique]. 01-05-2018. p.83-88.

Les enjeux de la procréation médicalement assistée. PMA : la sagesse et les questions du comité d’éthique. Le Monde (N°22537) [Périodique]. 29-06-2017. p.22-23,24 et mis à jour le 18 janvier 2018.                                                                                           Disponible sur: https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/06/28/pma-la-sagesse-et-les-questions-du-comite-d-ethique_5152486_3232.html

DIEBOLT Vincent. Quels enjeux pour l’intelligence artificielle en médecine ?. Les Echos – Le Cercle (site web). publié le jeudi 4 juillet 2019.                                              Disponible sur : https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-lintelligence-artificielle-et-la-rd-en-sante-chance-ou-menace-1035739

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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